On ne sâassignerait jamais rien dâautre comme but du traitement que la guĂ©rison pratique du malade, le rĂ©tablissement de sa capacitĂ© dâagir et de jouir. » [1] Mieux il [le sujet] sera analysĂ©, plus il sera possible quâil soit franchement amoureux, ou franchement en Ă©tat dâaversion ou de rĂ©pulsion sur les modes les plus Ă©lĂ©mentaires des rapports des corps entre eux par rapport Ă son partenaire. » [2] 1 Lâanatomie, câest le destin [3] », disait Freud, en reprenant le fameux adage de NapolĂ©on propos choquant et regrettable, mais qui nâest pas pour autant complĂštement faux. Lâanatomie encourage » Ă agir dâune façon particuliĂšre, selon des constantes spĂ©cifiques pour chaque sexe. Ce qui ne veut pas dire que certains comportements, considĂ©rĂ©s comme typiques pour lâhomme ou pour la femme, soient inscrits dans les gĂšnes, autrement dit, quâils dĂ©pendent de la diffĂ©rence anatomique. Freud ne sâarrĂȘte pas Ă la diffĂ©rence des corps pour lui la dissymĂ©trie des sexes nâest pas Ă situer au niveau de lâorganique mais du symbolique [4]. Les disparitĂ©s dans les comportements des deux sexes ne sont que la consĂ©quence des effets imaginaires dâune diffĂ©rence des sexes conçue au niveau du symbolique, câest-Ă -dire une diffĂ©rence, comme le prĂ©cisera LĂ©vi-Strauss, qui passe par le langage, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, Ă travers la parole et les structures de la parentĂ©. Lâanatomie est soumise aux lois du symbolique le symbolique construit, donne du sens au corps â masculin, fĂ©minin â Ă travers des significations imaginaires. Comme, par exemple, celle de lâhomme qui serait coureur par nature ». Les choses, en effet, sont beaucoup plus complexes. 2 Lâhomme peut se trouver dans une impasse face Ă son dĂ©sir. Câest le cas du sĂ©ducteur ses agissements dĂ©voilent sa difficultĂ© Ă sâassumer dans son dĂ©sir et, en particulier, dans son dĂ©sir vis-Ă -vis dâune femme. PrĂ©cisons que lâinfidĂ©litĂ© nâest pas une conduite fixe et invariable pour lâhomme ; comme lâĂ©crit Lacan Il ne faut pas croire [âŠ] que la sorte dâinfidĂ©litĂ© qui apparaĂźtrait [âŠ] constitutive de la fonction masculine, lui soit propre [5]. » Un sujet fĂ©minin peut aussi se trouver dans cette position, et tout homme nâest pas sĂ©ducteur. 3 Le comportement du sĂ©ducteur est rĂ©pandu dans les diffĂ©rentes structures cliniques. Certains hommes sĂ©duisent une femme et lâabandonnent aprĂšs avoir obtenu ce quâils veulent â ou croient vouloir â dâelle. Mais quâest-ce quâils veulent, en rĂ©alitĂ©, de cette femme ? En apparence, un simple numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, un rendez-vous, un rapport sexuel, unique ou rĂ©pĂ©tĂ©, ou encore des enfants⊠Lâatteinte de lâobjectif est souvent suivie de la fuite avec ou sans explications du sĂ©ducteur, fuite qui peut se manifester par un dĂ©part dĂ©finitif, aussi bien que par des allers-retours Ă©puisants pour la femme qui dĂ©cide de les subir. Ou encore, de la part du sĂ©ducteur, par des trahisons et des tromperies sans fin. 4 Une force compulsive pousse lâhomme sĂ©ducteur vers toute femme, il est alors dans lâobligation de la conquĂȘte. Il nâest pas toujours sĂ©lectif pensons Ă Don Juan câest lâaccumulation qui compte, et si sa proie nâest pas vraiment Ă son goĂ»t, cela nâa pas beaucoup dâimportance la quantitĂ© importe plus que la qualitĂ©. Le besoin de sĂ©duire et de tromper se prĂ©sente, pour certains hommes, comme un es muss sein » catĂ©gorique, auquel ils doivent se soumettre dâurgence. Mais sâagit-il dâun vrai dĂ©sir pour lâhomme ? Le sĂ©ducteur obsessionnel, entre rituel et porte-bonheur 5 Le dĂ©sir sexuel, quand il est dominĂ© par la pulsion, peut entraĂźner une inhibition du cĂŽtĂ© de la jouissance, car le sujet sâidentifie au phallus maternel. Le risque est donc de rater » la jouissance impuissance, frigiditĂ©, comme si le corps et la jouissance du partenaire faisaient obstacle Ă celle du sujet. 6 La passivitĂ© que comporte la passion amoureuse est sĂ»rement jouissive [6], mais non anĂ©antissante comme la passion de soi qui se cache souvent derriĂšre la passion du sexe tout court, ou de la conquĂȘte le donjuanisme. Le sĂ©ducteur renonce Ă la passion de lâautre en Ă©change de la passion de soi. La jouissance provoquĂ©e par la rĂ©pĂ©tition des conquĂȘtes et par lâinfidĂ©litĂ© gĂąche la rencontre du sujet avec la cause de son dĂ©sir. En ce sens, le donjuanisme est un symptĂŽme, sur le versant hystĂ©rique et obsessionnel, et non une conduite structurale masculine. 7 Pourquoi le sĂ©ducteur cherche-t-il Ă distribuer ses atouts phalliques Ă la communautĂ© fĂ©minine ? En rĂ©alitĂ©, plus que de distribution, il sâagit de pillage » câest lui qui, en donnant son pĂ©nis, cherche Ă ramasser du phallus » de tous les cĂŽtĂ©s. La femme conquise, investie de la toute-puissance phallique, reprĂ©sente pour le sĂ©ducteur un nouveau trophĂ©e gagnĂ©. 8 Le sĂ©ducteur confond le dĂ©sir du phallus ? avec la cause du dĂ©sir a. Dans sa quĂȘte de phallus, le sĂ©ducteur, Ă la maniĂšre de Casanova, a besoin de sâadmirer dans le miroir du corps de son amante sans cette consistance imaginaire et trompeuse, il se sent privĂ© de tout dĂ©sir. Mais câest un dĂ©sir qui a la mĂȘme consistance que le phallus reflĂ©tĂ©, câest-Ă -dire une consistance inexistante. 9 Le nĂ©vrosĂ© obsessionnel, lorsquâil devient un sĂ©ducteur, ne cherche pas le phallus de la mĂȘme façon que lâhystĂ©rique il cherche plutĂŽt Ă sâen dĂ©barrasser en le distribuant sans rĂ©serve aux femmes. La conquĂȘte de toutes les femmes est absolument vitale pour lui, et surtout pour son dĂ©sir le dĂ©sir de lâobsessionnel peut paraĂźtre en fin de vie, comme si le sujet ne lui faisait pas confiance. Et seule une collection de femmes pourrait, temporairement, les rĂ©animer, lâobsessionnel et son dĂ©sir. Mais la collection nâimplique pas la valeur de chaque piĂšce câest la quantitĂ© et la variĂ©tĂ© qui comptent. Pour le collectionneur, la valeur de chaque piĂšce est toujours en rapport Ă la totalitĂ©, mĂȘme sâil peut y avoir une piĂšce prĂ©fĂ©rĂ©e aux autres. Câest toujours la piĂšce quâil ne possĂšde pas qui prend de la valeur pour lui. De mĂȘme, pour le collectionneur de femmes, une femme Ă lâunitĂ© ne vaut rien, Ă moins quâelle ne prenne la valeur de piĂšce manquante ». 10 Lacan, dans le sĂ©minaire Les formations de lâinconscient, rappelle que lâobsessionnel ne sait pas comment maintenir le dĂ©sir en place [7] lâaccumulation des femmes lui sert alors de semblant dâappui » pour son dĂ©sir. Les femmes sauvent lâobsessionnel, ou mieux, elles sauvent â apparemment â son dĂ©sir. Câest le cas de Casanova, pour qui la femme est porteuse dâĂ©nergie et de force vitale femme comme soutien dans lâexistence, appui â dĂ©licat, fragile â du dĂ©sir. Chaque femme de la collection du sĂ©ducteur a la fonction dâobjet momentanĂ© du dĂ©sir, tandis que la cause du dĂ©sir lui Ă©chappe. 11 Le dĂ©sir de sĂ©duire nâest quâun semblant de dĂ©sir [8]. Si, pour le sĂ©ducteur hystĂ©rique, il masque un dĂ©sir de phallus sous une forme insatiable, pour lâobsessionnel, il se rĂ©vĂšle ĂȘtre une manifestation du surmoi, mais de façon tordue. Injonction paternelle â Tu dois sĂ©duire toute femme ! » â, qui se transforme en autorisation Ă draguer » comme si le sujet Ă©tait dans lâattente dâune permission, permission qui lui est accordĂ©e, Ă©videmment, car en rĂ©alitĂ© il sâagit dâun ordre. 12 Ordre qui se prĂ©sente sous la forme dâune permission, ordre en provenance du surmoi paternel qui corrompt » le dĂ©sir du sujet, en lui permettant ainsi de lâesquiver. Le dĂ©sir pourrait dĂ©chaĂźner une jouissance trop forte Ă©parpiller la jouissance, la disperser Ă travers un ensemble de femmes est une façon de la dissiper et ainsi la rĂ©duire. 13 RĂ©tention du dĂ©sir, rĂ©tention de la jouissance Ă travers la collection des femmes, en Ă©change dâune petite jouissance consolatrice, toujours un peu frustrante mĂȘme si elle ne semble pas lâĂȘtre. La rĂ©tention de la jouissance Ă travers la multitude des conquĂȘtes met en Ă©vidence le caractĂšre anal de lâobsessionnel il cherche des amours qui ne lui coĂ»tent rien. Une femme aimĂ©e et dĂ©sirĂ©e, une femme cause du dĂ©sir â une femme objet a comme dirait Lacan â coĂ»te cher, au niveau de lâimplication du dĂ©sir et de la jouissance quâelle provoque. 14 De la rĂ©tention du dĂ©sir, on passe au dĂ©sir de retenir la cause du dĂ©sir se dĂ©place de la femme Ă lâacte de rĂ©tention, dĂ©sir de retenir masquĂ© derriĂšre la compulsion Ă la conquĂȘte systĂ©matique de la femme. 15 Freud et Lacan ont bien mis en Ă©vidence le caractĂšre religieux de lâobsessionnel. Pour le sĂ©ducteur obsessionnel, la conquĂȘte des femmes est comme une pratique religieuse elle devient un rite, une magie, un porte-bonheur. Tout dĂ©sir et tout amour passionnel nĂ©cessitent une certaine dose de croyance Ă lâobjet phallique voir le fĂ©tichiste, mais pour le sĂ©ducteur obsessionnel, le rituel de la conquĂȘte est un vrai acte de foi, de lâordre de la dĂ©votion. Et comme Dieu soutient le fidĂšle, lâobjet â une femme aprĂšs lâautre⊠â soutient le sĂ©ducteur la femme est la chance quâil ne doit pas manquer. 16 Donc, la conquĂȘte devient un rituel tout rituel suppose une certaine forme de stabilitĂ©, de rĂ©confort, tandis que les fluctuations du dĂ©sir lâangoissent. 17 Le rituel dĂ©place la question du dĂ©sir, dĂ©sir transformĂ© ainsi en doute est-ce que je dĂ©sire cette femme ou est-ce que je ne la dĂ©sire pas ? Le rituel a la mĂȘme fonction protectrice que le doute tenir le dĂ©sir Ă lâĂ©cart, le rendre impossible. Le dĂ©sir de toutes les femmes â je dois les dĂ©sirer toutes ! » dĂ©sir cumulatif ou anathĂšme ? â est une forme dâinhibition du dĂ©sir de telle femme cause du dĂ©sir, objet a. Le rituel de la conquĂȘte de toutes les femmes â une par une â impose le sacrifice du dĂ©sir le sujet est coupĂ© de la cause de son dĂ©sir, il rejette sa vĂ©ritĂ©. Lâaccumulation brouille les cartes et dissimule le sacrifice, le renoncement au dĂ©sir. 18 Câest le mĂȘme processus que celui de la foi on entre dans le rituel priĂšre, messe, etc. pour Ă©viter de se poser la vraie question est-ce que je crois en Dieu ou est-ce que je nây crois pas ?. LâopĂ©ration de dĂ©placement du rite transforme le plus futile en essentiel et en impĂ©rieux Freud, dans Actions compulsionnelles et exercices religieux », explique que dans le cĂ©rĂ©monial futile » de lâexercice religieux, le contenu de pensĂ©e â la cause â est expulsĂ©, comme chez lâobsessionnel, dont la cause du dĂ©sir disparaĂźt derriĂšre lâaccumulation des femmes. Comme dit Lacan, le religieux laisse Ă Dieu la charge de la cause [9] » le sĂ©ducteur dĂ©vouĂ© sacrifie sa cause du dĂ©sir Ă Dieu. Et la conquĂȘte se transforme en offrande Ă Dieu Ă©videmment, autrement dit, au pĂšre. Il sâagit de rendre quelque chose au pĂšre. Câest une curieuse façon de payer la dette symbolique. 19 Il y a aussi un cĂŽtĂ© moral dans la sĂ©duction, dans les actions parfois si prĂ©visibles du sĂ©ducteur dĂ©vouĂ© ». Celui-ci est convaincu de bien agir, de faire du bien en sĂ©duisant chaque femme selon son rituel il croit conquĂ©rir et partager le paradis. Comme le croyant qui aura droit Ă la vie Ă©ternelle, grĂące Ă son rituel de priĂšre dans le cĂ©rĂ©monial religieux. Le sĂ©ducteur hystĂ©rique et lâacte performatif 20 Pour le sĂ©ducteur hystĂ©rique aussi, le dĂ©sir est en panne, et la sĂ©duction est un parfait compromis entre lâacte et sa nĂ©gation. LâhystĂ©rique dĂ©sire et rejette au lieu de dĂ©sirer et jouir la sĂ©duction suivie nĂ©cessairement par la fuite est lâexpression privilĂ©giĂ©e de ces deux moments inconciliables. Le dĂ©sir de lâhystĂ©rique se maintient grĂące Ă la dĂ©robade ; mais ce dĂ©sir insatisfait nâest pas le dĂ©sir inconscient, dĂ©sir qui est cause et nâa rien Ă voir avec la privation de lâobjet dans lâhystĂ©rie, ce nâest que la force pulsionnelle qui est en action, qui rate son but et qui se met en boucle. 21 Le problĂšme de lâhystĂ©rique est comment dĂ©sirer tout en Ă©chappant Ă son propre dĂ©sir ? Pour pouvoir jouer son jeu â dĂ©sirer et se dĂ©rober Ă la fois â avec une femme, le sĂ©ducteur hystĂ©rique est obligĂ© de promettre je te tĂ©lĂ©phone, je tâinvite Ă sortir, je tâinvite Ă dĂźner, on part ensemble, on fait telle chose ou telle autre ensemble, je tâaime, je te veux, etc. La promesse prend valeur dâacte dans la sĂ©duction, car elle reprĂ©sente un moment oĂč le dĂ©sir du sĂ©ducteur pour une femme sâexprime, il se met en acte ». Pour le sĂ©ducteur hystĂ©rique, tout acte est dĂ©jĂ dans le dire, la parole est un acte Ă ses yeux, sa promesse est une phrase performative. Le philosophe analytique Austin, dans Quand dire, câest faire [10], explique quâil y a des propositions Ă la premiĂšre personne singuliĂšre de lâindicatif prĂ©sent, voix active, qui ne sont ni vraies ni fausses, dont lâĂ©nonciation correspond Ă lâexĂ©cution dâune action. Par exemple, lors de la cĂ©rĂ©monie du mariage le Oui » de chaque Ă©poux est un acte performatif, car il sâagit dâun Ă©noncĂ© qui produit une action, en lâoccurrence il contribue Ă produire le mariage. La phrase performative, dans les circonstances appropriĂ©es, ne cherche pas Ă dĂ©crire ou promettre quelque chose, elle le fait [11]. Dans le cas du sĂ©ducteur, la phrase Je te veux », prononcĂ©e par exemple avant un dĂ©part dans un contexte dâeffusion amoureuse, est un acte performatif, mais seulement pour le sĂ©ducteur il croit Ă son dĂ©sir au point dây voir un acte. Lâacte est toujours lâexpression dâun dĂ©sir [12], et dans les mots du sĂ©ducteur il y a du dĂ©sir je me rĂ©fĂšre exclusivement aux cas oĂč il y a un contexte favorable Ă la production du dĂ©sir, et je nâanalyserai pas les cas de tricherie pure », avec de toutes autres implications que le dĂ©sir de sĂ©duire une femme. 22 Le dĂ©sir du sĂ©ducteur hystĂ©rique sâexprime Ă travers une parole qui ne correspond Ă aucune action le performatif du sĂ©ducteur Ă©choue. Son acte nâest pas un acte aux yeux de lâautre, le sĂ©ducteur est un charlatan [13] ». Son prĂ©tendu acte se boucle et sâeffondre dans lâĂ©noncĂ© Je te veux ». Cette phrase contient le dĂ©sir et sa nĂ©gation le faux performatif peut devenir un symptĂŽme hystĂ©rique. 23 La promesse du sĂ©ducteur nomme son dĂ©sir, mais lâexclut en tant que sujet. Le performatif est privĂ© du sujet puisque dans lâacte langagier du sĂ©ducteur, dĂ©sir et sujet se chassent mutuellement il nây a pas de performatif parce quâil nây a pas de sujet. Le sĂ©ducteur hystĂ©rique ne sait pas sâil est en train de tromper lâautre ou de se tromper lui-mĂȘme car il est en train de tromper son dĂ©sir le dĂ©sir est perdu, laissĂ© Ă la dĂ©rive, annulĂ© dĂšs quâil se manifeste Ă travers sa parole. Parole qui perd tout pouvoir de symbolisation, qui ne dit rien si dire câest faire, câest aussi non-faire, au sens oĂč, pour lâhystĂ©rique, câest dĂ©jĂ fait, et il nâen fera pas plus, puisque tout le faire est dans le dire. 24 La puissance de la parole faussement performative du sĂ©ducteur est toute dans le prĂ©sent de lâindicatif Ă la premiĂšre personne dĂ©ploiement infini dâun pur prĂ©sent, oĂč le futur reprĂ©sente la garantie de son Ă©chec. Le destin de la parole du sĂ©ducteur est son autoeffacement impuissance dâun dĂ©sir qui veut se nier et qui condamne la parole Ă une rĂ©itĂ©ration douloureuse, insatisfaisante, infinie, sans oublier que chaque rĂ©pĂ©tition perd en force par rapport Ă la premiĂšre. 25 Le sĂ©ducteur hystĂ©rique se dĂ©robe Ă la vĂ©ritĂ© de son dĂ©sir, il dĂ©fend son faux performatif » contre le constatif », pour le dire avec les termes de la philosophie analytique ses promesses sâestompent et la rencontre avec son dĂ©sir avec la femme cause du dĂ©sir [14] est laissĂ©e aux caprices du destin. Encore une fois, dĂ©sir et sujet marchent sur des voies sĂ©parĂ©es. Le mythe du sĂ©ducteur 26 Lacan dit Ă plusieurs reprises que Don Juan le sĂ©ducteur par excellence est un fantasme fĂ©minin [15], supposition qui, Ă premiĂšre vue, paraĂźt surprenante pour quelle raison une femme rĂȘverait-t-elle dâun type pareil ? [16] 27 Or, il y a du vrai dans lâaffirmation de Lacan comment expliquer autrement le succĂšs de beaucoup de sĂ©ducteurs avec les femmes ? Mais sans oublier que le type Don Juan sĂ©duit les hommes aussi. Le mythe de lâhomme qui possĂšde toutes les femmes est aussi un fantasme masculin le sĂ©ducteur serait un homme auquel il ne manquerait rien », qui ne peut pas le perdre [17] », dit Lacan, une image du pĂšre, en tant que non chĂątrĂ©, [âŠ] une pure image ». Hommes et femmes sont fascinĂ©s par le sĂ©ducteur â la communautĂ© masculine le prend parfois comme modĂšle â, qui est un ersatz du pĂšre-tout-puissant le pĂšre-tout-puissant renaĂźt » grĂące au sĂ©ducteur. Mais, comme le souligne Freud dans Totem et tabou, quand le pĂšre est vivant, il y a peu de place pour la satisfaction du cĂŽtĂ© du fils. Le fils y croit, il pense que le pĂšre jouit il pense que les avoir toutes est la clĂ© de la jouissance. Et il oublie que tout pĂšre â et le pĂšre tout-puissant nâest pas exclu de lâopĂ©ration â est, par structure, vouĂ© Ă la mort. Or, quelque chose lui rĂ©pugne Ă penser que le pĂšre est mortel. 28 Le sĂ©ducteur se prend pour le-pĂšre- sexuellement-tout-puissant. Il collectionne les femmes comme sâil les marquait une Ă une chaque femme reprĂ©sente un trait, trait de ressemblance avec le pĂšre qui les a toutes [18] ». En mĂȘme temps, chaque trait â chaque femme â lâĂ©loigne de plus en plus du point de dĂ©part, lâĂ©loigne du pĂšre. Lâinsatisfaction, qui suit gĂ©nĂ©ralement chaque Ă©tape de la conquĂȘte en sĂ©rie â un trait aprĂšs lâautre â, sâinstalle. Le fantasme du pĂšre-tout-puissant fantasme de la toute-puissance avoir toutes les femmes = avoir le phallus provoque la dĂ©ception. 29 Le sĂ©ducteur nâarrive pas Ă tuer le pĂšre. Malheureusement pour lui, prendre la » ou les » femmes du pĂšre nâĂ©quivaut pas Ă le tuer la castration se dĂ©clare, et la dĂ©ception qui suit souvent la conquĂȘte le montre bien. Exaltation, arrogance et fiertĂ© dans la conquĂȘte systĂ©matique de la femme illusion ? fabriquĂ©e pour dissimuler le manque -? et altĂ©rer le dĂ©sir a. 30 Le sĂ©ducteur, sur son versant hystĂ©rique, finit par se perdre dans son dĂ©sir, car il ne sait pas sâil doit soutenir le pĂšre et son dĂ©sir, ou son dĂ©sir Ă lui. En faisant ce que son pĂšre idĂ©al fait avec les femmes, il ne fait que lâimiter, et lâimitation nâest pas une identification symbolique [19] le sĂ©ducteur hystĂ©rique dĂ©sire ce quâil croit que son pĂšre idĂ©al dĂ©sire. Lâaction de lâhystĂ©rique prĂ©cĂšde et construit le fantasme du pĂšre- sexuellement-tout-puissant. Le sĂ©ducteur, sur son versant obsessionnel, se sĂ©pare de son dĂ©sir le sujet, au lieu de tuer le pĂšre, tue son dĂ©sir, autrement dit, Ă chaque conquĂȘte, son dĂ©sir sâestompe. 31 Dans la conquĂȘte en sĂ©rie, la jouissance la plus forte reste celle liĂ©e Ă la culpabilitĂ© vis-Ă -vis du pĂšre le sĂ©ducteur semble vouloir prendre la place du pĂšre en faisant comme lui, mais ce quâil dĂ©sire, câest ĂȘtre puni. Câest lâAutre femme â cette fois-ci, la femme officielle â qui prend souvent la position du pĂšre qui bat, lorsquâelle sâĂ©nerve, ou elle le quitte, ou le maltraite Ă son tour, etc. Le sĂ©ducteur, la femme, le pĂšre 32 Mais pourquoi Don Juan est-il un fantasme fĂ©minin ? Et de quelle façon le sĂ©ducteur dĂ©clenche-t-il le dĂ©sir fĂ©minin ? Ce nâest pas forcĂ©ment la toute-puissance sexuelle du sĂ©ducteur qui excite la femme, elle sait que le phallus se dĂ©gonfle facilement. Câest plutĂŽt un dĂ©fi qui lâintrigue. Voyons de quelle maniĂšre. 33 Le pĂšre est le premier homme qui a, de structure câest-Ă -dire, indĂ©pendamment de ses actes, sĂ©duit et abandonnĂ© » sa fille. Avec le sĂ©ducteur, la femme peut rĂ©pĂ©ter cette expĂ©rience traumatique, mais avec une particularitĂ© elle peut renverser la forme passive je suis abandonnĂ©e par le pĂšre » en forme active jâabandonne le pĂšre » ; en dâautres termes, je le tue ». De quelle façon croit-elle abandonner tuer le pĂšre ? Ă travers la dĂ©gradation de son corps et lâeffacement de son nom. Les deux dispositifs se rĂ©vĂšlent Ă©quivalents le corps de la femme ne peut quâĂȘtre dĂ©valorisĂ© quand le nom de lâhomme nây est pas impliquĂ© mĂȘme symboliquement. Depuis les Romains, la dĂ©gradation du corps souille le nom, car il nâassure plus la fiabilitĂ© de la lignĂ©e familiale Mater certissima, pater siempre incertus, disaient-ils [20]. LucrĂšce, lâĂ©pouse fidĂšle, se tue parce quâelle a Ă©tĂ© violĂ©e par Sextus par le viol, la fĂ©conditĂ© est souillĂ©e. 34 A contrario, la femme qui va avec lâhomme qui la maltraite, cherche lâhumiliation par le biais du sĂ©ducteur. Mais pas seulement pour elle ĂȘtre abandonnĂ©e par le sĂ©ducteur = ĂȘtre abandonnĂ©e par le pĂšre, elle veut aussi humilier le pĂšre lâhumilier = lâabandonner [21]. Le sĂ©ducteur mortifie ainsi la femme et le pĂšre le nom de la femme, qui est aussi le nom du pĂšre, est sali, dĂ©gradĂ©, invalidĂ©. Salir le nom du pĂšre, câest Ă la fois le rejeter et le perdre la femme perd son nom et se venge de lâabandon du pĂšre. Sans oublier que les mauvais traitements du sĂ©ducteur ont aussi valeur de punition â jouissive â pour la femme. 35 HumiliĂ©e par le sĂ©ducteur, la femme est abandonnĂ©e elle rĂ©pĂšte lâexpĂ©rience dâabandon du pĂšre et elle lâabandonne, en perdant â symboliquement â son nom par sa conduite. La perte du nom du pĂšre se rĂ©vĂšle une sorte de destitution subjective pour la femme le nom ne soutient plus le corps » de la femme. Dâautant plus quâelle ne pourra pas prendre le nom du sĂ©ducteur, car le sĂ©ducteur nâa quâun nom empruntĂ©, il a Ă©tĂ© incapable de tuer le pĂšre, de lui prendre son nom lâhistoire de Don Juan le montre bien [22]. 36 Le sĂ©ducteur collectionne les femmes comme il collectionne leur nom Ă chaque conquĂȘte, il espĂšre sâapproprier un nom de plus, pour donner consistance au sien. Le nom du sĂ©ducteur ne symbolise pas le rĂ©sultat de la lutte plus ou moins achevĂ©e avec le pĂšre, il expose seulement sa brillance phallique, inconsistante. Et chaque nom conquis glisse, lui Ă©chappe, se perd, comme lâamour déçu de la femme un amour quâen rĂ©alitĂ© elle voue Ă son pĂšre, dont le sĂ©ducteur nâest que lâinstrument. En mĂȘme temps quâelle humilie le pĂšre, elle le conserve la culpabilitĂ© le fait revivre, et câest dans ses bras imaginaires quâelle retombera aprĂšs la dĂ©ception de lâamour â un autre abandon ! [23] â du sĂ©ducteur. 37 Dâun autre cĂŽtĂ©, elle veut lâamour du sĂ©ducteur, elle cherche Ă conquĂ©rir un amour qui nâexiste pas comme si elle pouvait, Ă travers lâamour du sĂ©ducteur â un amour inventĂ©, inconsistant, invivable â, arracher un autre amour impossible, celui du pĂšre. 38 La femme, dans sa relation avec le sĂ©ducteur, montre quâelle ne peut pas/ne veut pas renoncer au pĂšre lâabandon forme active et passive quâelle poursuit rĂ©vĂšle, encore une fois, que le sĂ©ducteur nâest quâun pantin Ă la place du pĂšre. La femme peut alors trouver un espace pour lâamour déçu du pĂšre. Elle remet en place infiniment, grĂące Ă un homme impossible, lâamour insatisfait, inoubliable, du [24] pĂšre. Conclusions 39 Pour lâhomme comme pour la femme, le complexe paternel â amour, sĂ©duction, abandon, deuil, meurtre du pĂšre, renaissance du pĂšre⊠â est le nĆud de la question du dĂ©sir. En dâautres termes, câest la sĂ©duction du pĂšre qui oriente le dĂ©sir du sujet. La sĂ©duction se lie indissolublement Ă lâabandon, au niveau inconscient, les deux se superposent et se confondent ils constituent le traumatisme Ă lâorigine du dĂ©sir, autrement dit, sa cause. DĂ©sir comme effet, comme rĂ©action au traumatisme de la sĂ©duction suivie par lâabandon du pĂšre. Mais dĂ©sirer veut dire aussi accepter dâĂȘtre abandonnĂ© par le pĂšre et se rĂ©soudre Ă lâabandonner ni le sĂ©ducteur ni la femme sĂ©duite nâont franchi cette Ă©tape. 40 Pour le sĂ©ducteur obsessionnel, le dĂ©sir â au sens du dĂ©sir comme cause â est Ă retenir, ou encore Ă tuer », et pour le sĂ©ducteur hystĂ©rique, Ă fuir. Pour la femme facile Ă sĂ©duire, câest toujours le pĂšre qui est Ă sĂ©duire, et qui sĂ©duit. 41 Lâimpasse par rapport au dĂ©sir du pĂšre rend les hommes fragiles eux aussi lorsque le dĂ©sir sexuel et lâamour pour une femme se rencontrent, ils ont du mal Ă les tenir ensemble. Le dĂ©sir peut se dĂ©truire versant obsessionnel comme se perdre versant hystĂ©rique. Le sĂ©ducteur en est la preuve dans les yeux du sĂ©ducteur, perce lâinconsistance dâun dĂ©sir Ă©phĂ©mĂšre. Notes [*] Texte de lâintervention prononcĂ©e aux JournĂ©es dâEspace analytique, Paris, le 28 novembre 2010. [1] S. Freud, La mĂ©thode psychanalytique de Freud », dans La technique psychanalytique, Paris, PUF, 1953. [2] J. Lacan, Le SĂ©minaire, Livre VIII 1960-1961, Le transfert, Paris, Le Seuil, 1991, sĂ©ance du 7 dĂ©cembre 1960. [3] S. Freud, Sur le plus gĂ©nĂ©ral des rabaissements de la vie amoureuse » p. 65, La disparition du complexe dâĆdipe » p. 121, dans La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969. [4] [Freud] nâa jamais cessĂ© dâinsister sur la dissymĂ©trie essentielle de lâĆdipe chez lâun et lâautre sexe. [âŠ] Les Ă©tudes de dĂ©tail que fait Freud sur ce sujet sont trĂšs serrĂ©es. [âŠ] Que font-elles apparaĂźtre ? â sinon ceci, que la raison de la dissymĂ©trie se situe essentiellement au niveau symbolique, quâelle tient au signifiant », J. Lacan, Le SĂ©minaire, Livre III 1955-1956, Les psychoses, Paris, Le Seuil, 1981, p. 198. [5] J. Lacan, La signification du phallus », dans Ăcrits, Paris, Le Seuil, 1966, p. 695. [6] Câest le fantasme masochiste Un enfant est battu » â oĂč il est question de coups et dâamour â qui fait jouir, nous dit Freud. [7] J. Lacan, Le SĂ©minaire, Livre V 1957-1958, Les formations de lâinconscient, Paris, Le Seuil, 1998, p. 403. [8] Lacan dit, au sujet de Don Juan et de son supposĂ© dĂ©sir » [âŠ] le dĂ©sir fait si peu de chose en lâaffaire que, quand passe lâodor di femina, il est capable de ne pas sâapercevoir que câest Doña Elvira, Ă savoir celle dont il a soupĂ© au maximum, qui vient de traverser la scĂšne. » J. Lacan, Lâangoisse 1962-1963, version de lâAssociation freudienne internationale, 2001, HC, leçon du 27 mars 1963, p. 257. Voir Ă©galement Le SĂ©minaire, Livre X 1962-1963, Lâangoisse, Paris, Le Seuil, 2004. [9] Disons que le religieux laisse Ă Dieu la charge de la cause, mais quâil coupe lĂ son propre accĂšs Ă la vĂ©ritĂ©. Aussi est-il amenĂ© Ă remettre Ă Dieu la cause de son dĂ©sir, ce qui est proprement lâobjet du sacrifice. Sa demande est soumise au dĂ©sir supposĂ© dâun Dieu quâil faut dĂšs lors sĂ©duire. Le jeu de lâamour entre par là », J. Lacan, La science et la vĂ©ritĂ© », dans Ăcrits, op. cit., p. 872. [10] J. Langshaw Austin, Quand dire câest faire, Paris, Le Seuil, coll. Points », 1991, p. 41. [11] [âŠ] Quand je dis, Ă la mairie ou Ă lâautel, etc., âOui / je le veux / â, je ne fais pas le reportage dâun mariage je me marie », ibid. [12] J. Lacan, Le SĂ©minaire, Livre XV 1967-1968, Lâacte psychanalytique, inĂ©dit, version dactylographiĂ©e. [13] Charlatan » vient de lâitalien ciarlare, parler avec emphase. Le charlatan Ă©tait Ă lâorigine un vendeur ambulant qui dĂ©bitait les drogues, arrachait les dents sur les places et dans les foires. Le charlatan est, dans le langage courant, une personne qui exploite la crĂ©dulitĂ© de son prochain, qui recherche la notoriĂ©tĂ© par des promesses, des grands discours. [14] Don Juan, câest que le rapport complexe de lâhomme Ă son objet est, pour lui, effacĂ©, mais au prix de lâacceptation de son imposture radicale », J. Lacan, Lâangoisse, op. cit., leçon du 20 mars 1963, p. 248. [15] Ibid., p. 247 et p. 257. [16] Le Don Juan de Da Ponte-Mozart nous est montrĂ© dans une pĂ©riode oĂč aucune de ses tentatives de conquĂȘte nâaboutit comme il voudrait. Et au sujet du Casanova, voir le film de Fellini, qui en fait un portrait pour le moins ridicule. [17] Le fantasme de Don Juan â et câest en cela quâil est un fantasme fĂ©minin â, câest ce vĆu, chez la femme, dâune image qui joue sa fonction, fonction fantasmatique, quâil y en a un, dâhomme, qui lâa dâabord, ce qui est bien sĂ»r, vu lâexpĂ©rience, une mĂ©connaissance Ă©vidente de la rĂ©alitĂ©, mais bien mieux encore quâil lâa toujours, quâil ne peut pas le perdre », J. Lacan, Le SĂ©minaire, Livre X 1962-1963, Lâangoisse, op. cit., leçon du 27 mars 1963, p. 257. [18] Je dois cette remarque Ă Francisco Rengifo, qui mâa rappelĂ© que dans le sĂ©minaire sur Lâidentification, Lacan explique que Sade marque un trait sur son lit pour chaque femme conquise. Voir J. Lacan, Le SĂ©minaire, Livre IX 1961-1962, Lâidentification, inĂ©dit, version de lâAssociation freudienne internationale, 2000, HC. [19] Le processus de lâidentification implique la mise en acte fantasmatique du parricide. [20] Je dois cette remarque Ă Orsola Barberis. Voir P. Quignard, Le sexe et lâeffroi, Paris, Gallimard, coll. Folio », 1994, p. 27. [21] Lâhumiliation que la femme cherche avec le sĂ©ducteur nâest pas de lâordre du masochisme, et il ne sâagit pas non plus dâune forme de soumission Ă lâhomme qui serait constitutive de la femme. [22] Voir Ă ce sujet, le rĂ©cit de Kafka, Le verdict. Comme dans le cas de Don Juan, le protagoniste est tuĂ© » par le pĂšre Don Juan rĂ©ellement, et le protagoniste du rĂ©cit de Kafka se suicide pour obĂ©ir Ă la condamnation du pĂšre. [23] Plus on apporte dâabandon dans lâamour, plus lâintĂ©rĂȘt augmente. Cette jouissance de lâinstant est un viol, en un sens spirituel [âŠ] ». SĂžren Kierkegaard, Le journal du sĂ©ducteur, Paris, Gallimard, coll. Folio », 1943, p. 77. [24] GĂ©nitif subjectif et objectif.
Mettonsnous un instant dans la tĂȘte de votre homme pour comprendre pourquoi il sâĂ©loigne, et comment vous devez agir dans ce cas. Pourquoi votre homme sâĂ©loigne ? Cet homme sâĂ©loigne car il a besoin de se recentrer sur lui. Si votre homme sâĂ©loigne, il y a de fortes chances quâil ait tout simplement besoin de se recentrer sur lui.
Fin juillet, Corinne Touzet a fait face Ă un terrible deuil, celui de la mort de lâhomme de sa vie. Ici Paris annonce cette triste nouvelle. Qui aurait pu imaginer que ce mois de juillet qui avait si bien dĂ©butĂ© pour Corinne Touzet se termine en larmes », indique dans son Ă©dition du 31 juillet le magazine people avant dâĂ©voquer un dĂ©cĂšs de son pĂšre, Bernard, qui a perdu la vie Ă lâĂąge de 79 ans, en Martinique, sa rĂ©gion dâorigine. Et câest lĂ quâil a Ă©tĂ© inhumĂ© le jeudi 25 juillet au CimetiĂšre de PrĂȘcheur, non loin de Fort-de-France. Elle nâa pas pu retenir ses larmes quand elle lui a dit adieuxâ, poursuit Ici Paris, qui ne publie aucune photo de cette cĂ©rĂ©monie dâadieu. En 2015, Corinne Touzet, qui avait tapĂ© dans lâoeil de Robert Redford, a eu lâopportunitĂ© de parler de ses parents et son enfance dans les colonnes de la Croix. Elle expliquait avoir peu de souvenir de son enfance sauf celui de mon pĂšre, qui qui commerçant dans lâameublement. Il Ă©tait fan de Jazz quâil Ă©coutait en boucle toute la journĂ©e, et cela avait le don dâagacer sa mĂšre. Ils mâemmenaient parfois au restaurant, et les longs repas mâennuyaient, dâautant que je suis fille unique », disait-elle.
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Dans un couple, certaines phrases ne trompent pas. Si votre partenaire cherche Ă s'Ă©loigner de vous, il vous le fera forcĂ©ment sentir grĂące Ă quelques mots savamment choisis. C'est peut-ĂȘtre le moment d'avoir une discussion, non ? Dans un couple, les mots ont parfois toute leur importance. Si votre partenaire a l'habitude de vous faire de grandes dĂ©clarations d'amour ou qu'il vous envoie rĂ©guliĂšrement un petit mot doux, cela signifie que votre relation est au beau fixe. En revanche, s'il ne cesse de vous faire des remarques ou d'ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able avec vous, vous devriez peut-ĂȘtre commencer Ă vous poser des questions. Ăvidemment, celui-ci a peut-ĂȘtre passĂ© une mauvaise journĂ©e ou il traverse une pĂ©riode de stress. Mais si cela devient frĂ©quent, mieux vaut en parler avec lui pour dĂ©terminer ce qu'il ressent rĂ©ellement. L'objectif serait avant tout de dĂ©terminer si votre moitiĂ© commence Ă avoir des doutes sur votre relation amoureuse. Si c'est le cas, mieux vaut que vous soyez au courant, que ce soit pour l'aider Ă avancer ou tout simplement pour vous protĂ©ger. Par exemple, si votre partenaire devient est plus irritable que d'habitude et qu'il vous demande rĂ©guliĂšrement de le laisser seul, vous devriez essayer de lui parler. En discutant avec lui, vous allez pouvoir dĂ©terminer oĂč en est votre relation. "Et si votre partenaire n'a pas ou plus envie d'aller plus loin avec vous, vous devez en ĂȘtre consciente pour Ă©viter de perdre votre temps", explique Jonathan Bennett, coach en sĂ©duction, au site Bustle. Voici quelques phrases qui peuvent Ă©veiller vos soupçons. "J'ai besoin d'un peu de temps seul" Ce n'est pas parce que vous ĂȘtes en couple que vous devez passer toutes vos journĂ©es ensemble. Il est mĂȘme sain d'avoir chacun des occupations en dehors de votre relation amoureuse. N'empĂȘche que si votre compagnon ne cesse de vous rĂ©pĂ©ter qu'il a soudainement envie d'ĂȘtre seul, c'est sĂ»rement un signe qu'il commence Ă s'Ă©loigner de vous. Dans ce cas, il est avant tout judicieux de lui donner l'espace qu'il rĂ©clame et de voir s'il se sent mieux par la suite. Si cela n'est pas le cas, vous devriez lui en parler. "Notre relation va trop vite" Certes, il n'y a pas de rythme Ă respecter dans un couple. Votre compagnon a peut-ĂȘtre juste peur de trop prĂ©cipiter les choses, mais une phrase comme celle-ci peut ĂȘtre significative. "Les personnes qui s'aiment n'ont pas peur d'aller vite, au contraire", indique le spĂ©cialiste. Si votre relation amoureuse avançait normalement et que votre partenaire vous demande de ralentir d'un coup, c'est peut-ĂȘtre un signe de remise en question. "J'ai besoin de me concentrer sur moi" Bon, lĂ , clairement, c'est que vous ne faites plus partie de ses prioritĂ©s. Il a peut-ĂȘtre beaucoup de travail ou des problĂšmes plus graves Ă gĂ©rer, mais dans un couple, il est sain de traverser les tracas ensemble. Il est primordial d'en parler avec votre partenaire, surtout pour dĂ©terminer l'avenir de votre relation. "Tu mĂ©rites quelqu'un de mieux que moi" S'il prononce cette phrase Ă©nigmatique, il y a deux explications. Soit il n'a aucune confiance en lui et il essaye de vous faire rĂ©agir, car il a peur de vous perdre. C'est Ă la limite du bizarre, mais pourquoi pas. Sinon, c'est qu'il essaye d'Ă©voquer une rupture avec vous, pour voir votre rĂ©action. PrĂ©servez-vous et essayez de comprendre ce qu'il se passe. "Mon ami m'a dit qu'on devrait rompre" Que votre partenaire Ă©voque votre relation avec ses amis est normal. D'ailleurs, vous faites pareil avec vos non ? Le problĂšme, c'est ce qu'il en dit. Si son pote lui suggĂšre de vous quitter, c'est peut-ĂȘtre parce qu'il lui a fait comprendre qu'il en avait envie ? Dans ce cas, posez-vous la bonne question cette relation vaut-elle le coup d'ĂȘtre sauvĂ©e ou non ? Si ce n'est pas le cas, prĂ©servez-vous et arrĂȘtez de perdre votre temps. "Tu ne me rĂ©ponds pas assez vite" Si votre mec commence Ă s'Ă©loigner, il peut essayer de mettre en place certains tests relationnels afin de l'aider Ă dĂ©terminer ce qu'il doit faire vous quitter ou pas. S'il commence Ă vous blĂąmer sous de faux prĂ©textes, prenez-le en considĂ©ration et fuyez. "Je ne pensais pas que tu voudrais venir" Si votre partenaire commence Ă faire des projets sans vous, c'est qu'il s'Ă©loigne petit Ă petit. Par exemple, s'il est invitĂ© Ă une fĂȘte dans laquelle vous connaissez quelques personnes et qu'il ne vous propose pas de venir avec lui. Encore une fois, il est normal de faire des choses en solo. Mais ne pas prendre la peine de vous informer et vous snober rĂ©vĂšle un malaise. Warning. "Je ne suis pas d'humeur" Il n'est pas anormal que votre partenaire ne veuille pas faire l'amour, mĂȘme si cela dure depuis quelques jours. Nous traversons tous des pĂ©riodes plus difficiles que d'autres, qui nous Ă©loignent de ces moments de plaisir. Et cela ne signifie pas que votre relation est en train de s'effondrer. Seulement, si votre compagnon vous repousse depuis quelques semaines, voire quelques mois et qu'il ne veut pas du tout aborder le sujet avec vous, c'est qu'il y a un problĂšme. Dans un couple, la communication est primordiale. PlutĂŽt que de vous dire ces quelques phrases, votre compagnon peut tout simplement se taire et ne plus rien vous dire ou vous confier. Ce comportement est aussi un signe d'Ă©loignement mais vous devez cependant rester trĂšs vigilante, car il sera dommage de gĂącher votre relation amoureuse. La meilleure chose Ă faire est d'en discuter avec lui et de dĂ©terminer ce que vous voulez tous les deux. Ensemble, vous arriverez Ă trouver des solutions, sinon, cela n'en vaut pas la peine.
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PrĂšs de 30 000 magasins dans 76 pays, plus de 4 milliards de tasses de cafĂ© vendues chaque annĂ©e⊠FondĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 1970, Starbucks est aujourdâhui la plus grande chaĂźne de cafĂ©s au monde et, Ă lâinstar de McDonaldâs, une marque emblĂ©matique dâun certain mode de vie Ă lâamĂ©ricaine. Un succĂšs phĂ©nomĂ©nal auquel les fondateurs de lâenseigne ne sâattendaient sans doute pas⊠Au dĂ©part, ils Ă©taient trois. Trois amateurs de bon cafĂ©, lassĂ©s de ne pas trouver, Ă Seattle, de petits noirs » dignes de ce nom. Lâhistoire de Starbucks commence un jour de 1970 lorsque Gordon Bowker retrouve Ă dĂ©jeuner deux de ses amis, Jerry Baldwin et Zev Siegl. NĂ© en 1940, Bowker a enchaĂźnĂ© les petits boulots â chauffeur de taxi, garde-malade, guide touristique⊠â avant de sâinscrire Ă lâUniversitĂ© de San Francisco. Depuis quelque temps, il Ă©crit des scĂ©narios et collabore au principal journal de Seattle. Câest Ă lâUniversitĂ© de San Francisco quâil a fait la connaissance de Jerry Baldwin et de Zev Siegl. NĂ© en 1947, le premier enseigne lâanglais Ă Seattle; quant au second, nĂ© en 1942, il est professeur dâhistoire dans un collĂšge de la ville, un mĂ©tier qui ne le passionne guĂšre. Bons vivants, les trois amis partagent une mĂȘme passion pour le cinĂ©ma, la littĂ©rature, la gastronomie⊠et le cafĂ©. Ce jour-lĂ , autour de la table qui les rĂ©unit pour dĂ©jeuner, Gordon Bowker explique quâil en a assez de commander son cafĂ© Ă Vancouver, au Canada, oĂč il a dĂ©nichĂ© un torrĂ©facteur de qualitĂ©. Une opĂ©ration finalement assez compliquĂ©e â Internet nâexiste pas Ă lâĂ©poque ! â et qui lui prend beaucoup de temps. Grand amateur dâexpresso â une spĂ©cialitĂ© italienne quâil a dĂ©couverte lors dâun voyage Ă Rome â il nâen peut plus de lâinfĂąme jus de chaussettes servi par les restaurants et les bars de Seattle. Pourquoi ne pas ouvrir un Ă©tablissement oĂč les habitants de Seattle pourraient, enfin, trouver du bon cafĂ© ? » lance-t-il Ă ses amis. Jerry Baldwin et Zev Siegl se montrent dâemblĂ©e enthousiastes. Le projet leur paraĂźt dâautant plus viable quâen raison des difficultĂ©s que connaĂźt alors le groupe Boeing, premier employeur de la ville, le prix des loyers commerciaux sâest effondré⊠Et câest ainsi quâen mars 1971, aprĂšs avoir apportĂ© chacun dollars et empruntĂ© collectivement dollars Ă la banque, les trois amis ouvrent sur Western Avenue une petite boutique baptisĂ©e Starbucks ». Câest Bowker qui a trouvĂ© ce nom, celui de lâun des personnages principaux de Moby Dick, le roman de Herman Melville. Rien de bien surprenant, au demeurant, pour cet amateur de littĂ©rature, mĂȘme si le nom nâa rien Ă voir avec le cafĂ© ! Mais il est percutant » et facile Ă retenir⊠Couvrant 200 mĂštres carrĂ©s environ, la boutique â louĂ©e 137 dollars par mois â a Ă©tĂ© dĂ©corĂ©e dans le style marine â une autre rĂ©fĂ©rence Ă Moby Dick -, que lâon retrouve aussi dans le logo â une sirĂšne â dessinĂ© par le publicitaire Terry Heckler. Suprenant ! Loin de proposer des cafĂ©s Ă consommer, comme câest le cas aujourdâhui, le premier Starbucks est une sorte dâĂ©picerie spĂ©cialisĂ©e au dĂ©cor cosy » qui vend Ă ses clients du cafĂ© torrĂ©fiĂ© au poids ou en sachet â que lâon peut quand mĂȘme dĂ©guster Ă la demande -, du thĂ©, des Ă©pices mais aussi des machines Ă cafĂ©, des Thermos et des tasses⊠Eduquer le consommateur en lui faisant dĂ©couvrir des cafĂ©s de qualitĂ© tel est le projet dâorigine, un rien intellectuel, des trois compĂšres. Un modĂšle Ă©conomique qui allait ĂȘtre plus tard radicalement transformĂ©. Offrir du bon café⊠Pour remplir cet objectif, les trois associĂ©s se sont mis en quĂȘte dâun fournisseur de qualitĂ©. Câest en Californie, plus prĂ©cisĂ©ment Ă Berkeley, quâils lâont finalement trouvĂ©. Son nom Peetâs Coffee & Tea. FondĂ© par Alfred Peet, un Hollandais nĂ© en 1920 et arrivĂ© aux Etats-Unis au milieu des annĂ©es 1950, lâĂ©tablissement est alors rĂ©putĂ© dans tous les Etats-Unis pour la qualitĂ© de ses grains, parfaitement torrĂ©fiĂ©s ! Entre Peet et le trio de Seattle, un accord est vite trouvĂ© Peetâs Coffee & Tea fournira Starbucks en cafĂ©s torrĂ©fiĂ©s. En Ă©change de ces commandes, il accepte de former Bowker, Baldwin et Siegl aux subtilitĂ©s de la torrĂ©faction. Durant toute lâannĂ©e 1971, les trois hommes se succĂšdent ainsi Ă tour de rĂŽle Ă Berkeley, apprenant du maĂźtre lâart et la maniĂšre de prĂ©parer les grains de cafĂ©. Fructueuse, cette collaboration durera un an. JusquâĂ ce que le niveau des commandes â important -, oblige Starbucks Ă se fournir directement auprĂšs des grossistes en cafĂ© â puis des producteurs eux-mĂȘmes â et Ă effectuer lui-mĂȘme les opĂ©rations de torrĂ©faction. Entre Bowker, Baldwin et Siegl, la rĂ©partition des tĂąches est alors trĂšs lĂąche. Parce quâenseigner lâhistoire lâennuie, Zev Siegl a obtenu dâĂȘtre le premier â et le seul ! â salariĂ© de lâĂ©tablissement. Accueillant, chaleureux, il sâoccupe de la vente et de la gestion au jour le jour de la boutique. Directeur en titre, Jerry Baldwin, lui, sâoccupe plus particuliĂšrement des achats de cafĂ© puis, Ă partir de 1972-1973, de la torrĂ©faction, une mission quâil accomplit le week-end et le soir aprĂšs ses cours. Quant Ă Gordon Bowker, qui poursuit, lui aussi, son activitĂ© dâĂ©crivain indĂ©pendant, il a la responsabilitĂ© du marketing. Un bien grand mot qui consiste, en lâespĂšce, Ă rĂ©diger les publicitĂ©s et, quand il le faut, Ă peindre les murs⊠Signe quâelle correspond Ă un vrai besoin, la petite boutique accueille plus de 150 clients par jour. Une deuxiĂšme boutique est alors ouverte en 1972, Ă Seattle toujours, puis une troisiĂšme en 1975. Cinq ans plus tard, en 1980, lâenseigne compte dans la ville quatre magasins, une petite unitĂ© de torrĂ©faction â qui produit toutes sortes de mĂ©langes â et une douzaine de salariĂ©s, sans compter les fondateurs. Les fondateurs justement cette mĂȘme annĂ©e 1980, ayant Ă©puisĂ© les joies du commerce et dĂ©sireux de faire autre chose, Zev Siegl vend, pour quelques dizaines de milliers de dollars, ses parts Ă ses deux associĂ©s. Câest alors que le destin de la petite entreprise prend un tour nouveau⊠Nous sommes Ă la fin de lâannĂ©e 1981. Depuis son bureau de la cĂŽte Est, Howard Schultz, trente-sept ans, vice-prĂ©sident en charge des activitĂ©s amĂ©ricaines dâHammarplast, une firme suĂ©doise spĂ©cialisĂ©e dans la fabrication de produits en plastique pour la maison, Ă©pluche, comme il le fait rĂ©guliĂšrement, les chiffres mensuels de vente. Son regard est attirĂ© par le compte de Starbucks, une petite enseigne de Seattle. En lâespace dâun an, ses commandes de Thermos Ă cafĂ© ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par prĂšs de dix ! Homme de terrain rompu aux mĂ©thodes commerciales de Xerox, oĂč il a commencĂ© sa carriĂšre, Schultz dĂ©cide dâaller voir ce client quâil ne connaĂźt pas. Ce quâil dĂ©couvre sur place lâenchante littĂ©ralement quatre magasins plutĂŽt Ă©lĂ©gants, au positionnement original, manifestement en pleine croissance mais dont le potentiel lui paraĂźt largement sous-exploitĂ©. Las de travailler au sein de grandes compagnies, Howard Schultz tente alors le tout pour le tout Ă Gordon Bowker et Jerry Baldwin qui lâont reçu, il propose en effet de rejoindre lâenseigne comme directeur marketing, avec un salaire divisĂ© par trois ! Une offre spontanĂ©e que les deux associĂ©s, aprĂšs un temps de rĂ©flexion, dĂ©cident dâaccepter. Plus que Jerry Baldwin â plutĂŽt rĂ©ticent â câest Gordon Bowker qui a poussĂ© Ă lâembauche de Schultz. Un moyen, Ă ses yeux, de donner un nouvel Ă©lan au dĂ©veloppement de Starbucks que les deux amis ne savent plus trĂšs bien dans quelle direction orienter. Ils ne seront pas déçus⊠En 1983, quelques mois aprĂšs son recrutement, Howard Schultz assiste Ă Milan Ă un Salon sur lâĂ©quipement de la maison. Sur place, il est impressionnĂ© par la culture italienne du cafĂ©, la qualitĂ© des mĂ©langes proposĂ©s Ă la consommation et tout lâart de vivre qui existe autour de lâexpresso. Une dimension qui, en son temps, avait ravi Gordon Bowker. Mais, contrairement Ă ce dernier, Schultz en titre aussitĂŽt une conclusion pour relancer Starbucks, il faut changer totalement de modĂšle et faire des boutiques de lâenseigne non plus seulement des lieux de vente mais de vrais espaces conviviaux oĂč les clients pourront commander et consommer des cafĂ©s. Une vraie rĂ©volution, en effet, que Gordon Bowker et Jerry Baldwin refusent toutefois de mettre en oeuvre, tant elle sâĂ©loigne de leur projet dâorigine. DĂ©sireux cependant de ne pas heurter leur directeur du marketing, les deux associĂ©s lâautorisent Ă tester son concept dans le nouveau Starbucks â le sixiĂšme â que lâenseigne sâapprĂȘte Ă ouvrir Ă Seattle. LâexpĂ©rience se rĂ©vĂšle un vĂ©ritable succĂšs. Alors que, jusque-lĂ , le nombre moyen quotidien de clients par magasin Ă©tait de 200, la nouvelle formule en sĂ©duit plus de 800 par jour ! Un succĂšs qui autorise tous les dĂ©veloppements, y compris Ă lâĂ©chelle nationale. Las ! MalgrĂ© cette rĂ©ussite, incontestable, Bowker et Baldwin â qui, dans lâintervalle, ont rachetĂ© les trois boutiques californiennes Peetâs Coffee & Tea â refusent dâĂ©tendre lâexpĂ©rience aux autres Ă©tablissements de lâenseigne. A la prudence du premier, quâeffraie un peu ce grand bond en avant, sâajoute la franche hostilitĂ© du second. Jerry Baldwin nâa en effet guĂšre dâatomes crochus avec Schultz, ce spĂ©cialiste du marketing qui veut faire de Starbucks un gros business » dĂ©ployĂ© sur tout le territoire amĂ©ricain. Pour Baldwin, Starbucks doit rester une petite affaire. Un vrai conflit de stratĂ©gies⊠Lâissue, dĂšs lors, est inĂ©luctable. En 1986, Howard Schultz dĂ©missionne de Starbucks et, avec plus dâun million de dollars levĂ©s auprĂšs dâinvestisseurs, crĂ©e son propre Ă©tablissement, le Giornale, qui propose des consommations de cafĂ© dans un cadre soignĂ©. Six mois aprĂšs sa crĂ©ation, lâendroit accueille dĂ©jĂ plus de clients par jour. Est-ce le succĂšs de leur ancien directeur marketing ? Le sentiment quâils sont arrivĂ©s au bout dâun cycle ? Ou bien une certaine lassitude Ă devoir faire sans cesse le grand Ă©cart entre Seattle et les boutiques californiennes de Peets ? Toujours est-il quâen 1987, alors quâil existe dĂ©jĂ trois Giornale Ă Seattle, Bowker et Baldwin vendent, pour 4 millions de dollars, leurs magasins et le nom Starbucks Ă Howard Schultz. Câest lui, au prix dâun repositionnement stratĂ©gique menĂ© au pas de charge et destinĂ© Ă transformer les Starbucks en vrais cafĂ©s conviviaux, qui donnera Ă lâenseigne une dimension nationale puis internationale, faisant passer le nombre de boutiques de 12 Ă 165 entre 1987 et 1992, puis Ă quinze ans plus tard⊠Illustration. Le premier Starbucks, Seattle, 1971
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