Pendant 18 ans, Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick a Ă©tĂ© censurĂ© en France. Dans le cadre du magazine de Dominique Besnehard Place au cinĂ©ma, France 5 diffuse ce lundi 30 octobre Les Sentiers de la gloire. La quatriĂšme rĂ©alisation de Stanley Kubrick est trop souvent mise de cĂŽtĂ© dans la filmographie du cinĂ©aste. On pense souvent Ă 2001 OdyssĂ©e de lâespace, Shining, Full Metal Jacket ou encore Orange MĂ©canique. Les sentiers de la Gloire est pourtant un long-mĂ©trage essentiel. Au milieu des annĂ©es 50, avant de se pencher sur la guerre du Vietnam, Kubrick se saisit du sujet de la PremiĂšre Guerre Mondiale et dĂ©cide de traiter le film de guerre en contournant les codes du genre. Il nous plonge dans les tranchĂ©es françaises en 1916 oĂč le gĂ©nĂ©ral Dax Kirk Douglas ordonne une attaque contre une position allemande imprenable. DĂšs le dĂ©but de lâassaut, les soldats tombent en masse et les survivants dĂ©cident de battre en retraite pour connaĂźtre un meilleur destin. Sâensuit alors un simulacre de procĂšs contre trois dâentre eux. DĂšs le dĂ©part, le spectateur connaĂźt le fin mot de lâhistoire, mais Kubrick expose brillamment tout le procĂ©dĂ© des procĂšs de guerre. Il organise son film en trois actes distincts composĂ©s de façon théùtrale guerre, procĂšs puis un focus sur lâhumain. On retrouve tout ce qui a fait le cinĂ©ma de Kubrick travelling, plan sĂ©quence et de beaux dĂ©cors. FilmĂ© en noir et blanc, Les Sentiers de la Gloire montre un cĂŽtĂ© peu reluisant de la guerre et des gradĂ©s oĂč lâennemi est toujours invisible. Ce film en noir et blanc est plutĂŽt une rĂ©flexion sur la guerre quâun film de guerre. PortĂ© par une prestation magistrale de Kirk Douglas et des scĂšnes de procĂšs superbes, il est considĂ©rĂ© aujourdâhui comme un vrai bijou de cinĂ©ma, alors quâĂ sa sortie, il nâa pas Ă©tĂ© distribuĂ© en France, suite Ă des pressions du gouvernement français entre autres, qui y voyait une critique directe de lâarmĂ©e française durant la PremiĂšre Guerre Mondiale. Il nâa pas "censurĂ©" le film Ă proprement parler, mais le mouvement contestataire fit tellement de bruit Ă lâĂ©poque que la production a prĂ©fĂ©rĂ© ne pas le diffuser, comme en Suisse. Ce nâest quâen 1975, 18 ans aprĂšs sa crĂ©ation, quâil est sorti sur nos Ă©crans.
Le 11 novembre 1918, l'armistice met fin Ă la PremiĂšre Guerre Mondiale, un cessez-le-feu signĂ© dans un wagon-restaurant dans la clairiĂšre de Rethondes, en forĂȘt de CompiĂšgne, le traitĂ© de paix lui sera signĂ© le 28 juin 1919 Ă Versailles. Chansons patriotiques ou contestataires, de soutien aux poilus sacrifiĂ©s ou de la vie quotidienne Ă l'arriĂšre du front, des milliers de chansons françaises sont autant de tĂ©moignages de cette Grande Guerre. Le cinĂ©ma naissant s'est lui aussi fait l'Ă©cho de cette premiĂšre guerre totale et, mĂȘme s'ils sont peu nombreux, les rĂ©alisateurs contemporains continuent d'entretenir ce prĂ©cieux travail de mĂ©moire. Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent Ă nos partenaires de vous proposer des publicitĂ©s et des contenus personnalisĂ©s en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intĂ©rĂȘt. A partir du 9 novembre, la Sacem publie sur son site une exposition consacrĂ©e Ă la musique pendant la guerre â¶ Depuis ses dĂ©buts le 7Ăšme art nous a parlĂ© de cette PremiĂšre Guerre Mondiale par le biais de cinĂ©astes comme Abel Gance avec Jâaccuse 1919, Charlie Chaplin avec Shoulder Armes 1918. En 1925 King Vidor sort La Grande Parade puis dans les annĂ©es 30 avec Lewis Milestone A l'Ouest rien de nouveau, 1930, Raymond Bertrand Croix de bois, 1931, Ernst Lubitsch LâHomme que jâai tuĂ©, 1932, John Ford La patrouille perdue, 1934 ou Jean Renoir La Grande Illusion, 1937. En 1941 l'amĂ©ricain Howard Hawks sort Sergent York et en 1957 Stanley Kubrick nous plonge dans les tranchĂ©es avec son brĂ»lot antimilitariste Les Sentiers de la gloire. Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent Ă nos partenaires de vous proposer des publicitĂ©s et des contenus personnalisĂ©s en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intĂ©rĂȘt. En 1971 Dalton Trumbo sort l'insoutenable Johnny Got His Gun 1971, tandis que Bertrand Tavernier consacrera deux chefs-dâĆuvre Ă la Grande Guerre La Vie et rien dâautre 1989 et Capitaine Conan 1996. En 2001 François Dupeyron dĂ©voile La Chambre des officiers sort et trois ans plus tard Jean-Pierre Jeunet glisse un peu de romantisme dans cette pĂ©riode de terreur avec Un long dimanche de fiançaille s. Comme Tavernier dans La Vie et rien dâautre, Jeunet reprend dans son film La Chanson de Craonne, chantĂ© par le condamnĂ© Ă mort "Six-sous". Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent Ă nos partenaires de vous proposer des publicitĂ©s et des contenus personnalisĂ©s en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intĂ©rĂȘt. En 2005 Christian Carion nous parle de fraternitĂ© dans les tranchĂ©es avec Joyeux NoĂ«l, Philippe Triboit Ă©voque dans Les FusillĂ©s de FrĂ©dĂ©ric Henri Wolfft le premier soldat français fusillĂ© pour l'exemple. Dans Flyboys Tony Bill met en scĂšne l'Escadrille Lafayette, une unitĂ© de pilotes volontaires amĂ©ricains tandis que Spielberg nous plonge dans la seconde bataille de la Somme avec Cheval de guerre. Le sort des gueules cassĂ©es de la Grande Guerre est aussi un sujet de taille pour le cinĂ©ma comme dans La Chambre des officiers, Cessez le feu d'Emmanuel Courcol, Au revoir lĂ -haut d'Albert Dupontel... Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies cookies permettent Ă nos partenaires de vous proposer des publicitĂ©s et des contenus personnalisĂ©s en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intĂ©rĂȘt.
CinémaRennes : Les Sentiers de la gloire - En 1916, dans les tranchées. Conscient que seule une victoire spectaculaire pourra rehausser sa réputation peu brillante, le général Broulard incite le général Mireau, en mal d'avancement, à Rennes . Rennes FougÚres Vitré Saint-Malo Redon Autres villes . S'inscrire Se connecter Mon compte Maville. Mon compte Mon espace PRO;
Synopsis En 1916, dans les tranchĂ©es. Conscient que seule une victoire spectaculaire pourra rehausser sa rĂ©putation peu brillante, le gĂ©nĂ©ral Broulard incite le gĂ©nĂ©ral Mireau, en mal d'avancement, Ă lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, connue sous le nom de FourmiliĂšre». La perspective de promotion rapide que lui a fait miroiter Broulard dĂ©cide Mireau Ă engager ses troupes dans cette incroyable opĂ©ration. C'est le colonel Dax qui doit conduire l'attaque, mais ses hommes sont Ă©puisĂ©s. Dax, conscient des pertes humaines que va provoquer cette action, se rĂ©sout toutefois Ă obĂ©ir. Comme prĂ©vu, l'opĂ©ration tourne au massacre. Niant l'absurditĂ© de sa stratĂ©gie, le gĂ©nĂ©ral Mireau accuse les soldats de lĂąchetĂ© et rĂ©clame des exĂ©cutions pour l'exemple... 158 : LES SENTIERS DE LA GLOIRE (Stanley Kubrick) #157 : FANTASIA (Ben Sharpsteen) #156 : LES PLEINS POUVOIRS (Clint Eastwood) #155 : AMADEUS (Milos Forman) #154 : LA CONFERENCE DE WANNSEE (Heinz Schirk) #153 : PENDEZ LES HAUT ET COURT (Ted Post) #152 : JOUR DE FĂTE (Jacques Tati) #151 : LA TRILOGIE ALLEMANDE (Rainer Paths of Glory Un film de Stanley Kubrick En 1916, durant la PremiĂšre Guerre mondiale, le gĂ©nĂ©ral français Broulard ordonne au gĂ©nĂ©ral Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommĂ©e La fourmiliĂšre ». Au moment de lâattaque, les soldats tombent par dizaines et leurs compagnons, Ă©puisĂ©s, refusent dâavancer⊠Guerre - Ătats-Unis - 1957 - 90 min Ă propos Sortie en salles le 23 mars 2011 Premier chef dâoeuvre de la carriĂšre de Kubrick, Les Sentiers de la gloire se dĂ©finit comme un anti-film hĂ©roĂŻque, diatribe dĂ©sespĂ©rĂ©e et virulente contre le systĂšme de guerre. En racontant lâhistoire de soldats condamnĂ©s Ă mort pour avoir refusĂ© de mourir au front, Kubrick fustige lâarmĂ©e et dĂ©crit les rouages absurdes mais inĂ©luctables de la hiĂ©rarchie martiale. TournĂ© en Allemagne, le film impressionne par sa reconstitution des tranchĂ©es et la performance magistrale livrĂ©e par Kirk Douglas en colonel rĂ©voltĂ© contre le cynisme et la manipulation des masses. A lâĂ©poque, on reprocha Ă la charge politique son pessimisme et son antipatriotisme. JugĂ© trop critique envers lâarmĂ©e, le film ne fut mĂȘme pas montrĂ© en France avant 1975. Aujourdâhui, Les Sentiers de la gloire est devenu un modĂšle cinĂ©matographique incontestable, qui a su dĂ©peindre lâun des plus grands drames de la condition humaine. CrĂ©dits RĂ©alisation Stanley KUBRICK ScĂ©nario Stanley KUBRICK, Jim THOMPSON, Calder WILLINGHAM, dâaprĂšs lâĆuvre de Humphrey COBB Avec Kirk DOUGLAS, Ralph MEEKER, Adolphe MENJOU, George MACREADY, WAyne MORRIS, Richard ANDERSON, Joe TURKEL, Timothy CAREY, Christiane KUBRICK, Jerry HAUSNER Musique Gerald FRIED Directeur de la photographie George KRAUSE Montage Eva KROLL Producteurs James B. HARRIS, Kirk DOUGLAS, Stanley KUBRICK Production Bryna Productions, Harris-Kubrick Productions, United Artists Kit pro Les sentiers de la gloire», «Un long dimanche de fiançailles.» Contreparties. Soutenez le projet et recevez des contreparties en Ă©change. Pour 10 ⏠ou plus. Un Grand Merci ! Choisir. janvier 2017. 5 contributeur·ices. Pour 20 ⏠ou plus. Une affiche du film. Choisir. janvier 2017. 4 contributeur·ices. Pour 30 ⏠ou plus. Une affiche du film dĂ©dicacĂ©e + Une photo du tournage Censure, menaces de mort, manifestations, attentats⊠Lâhistoire du cinĂ©ma est parsemĂ©e de polĂ©miques et de dĂ©bats acharnĂ©s qui mettent rĂ©guliĂšrement Ă lâĂ©preuve la libertĂ© dâexpression et de crĂ©ation des cinĂ©astes â et pas des moindres Scorsese, Kubrick, etc.. La rĂ©sistance propre de certaines Ćuvres au temps ainsi quâaux multiples tentatives de sabordage fait sans doute partie de lâapanage des grands films. Retour sur une poignĂ©e de longs-mĂ©trages dont la sortie en salle fut hautement pĂ©rilleuse. 1 Freaks, la monstrueuse parade de Tod Browning, 1932 Aujourdâhui considĂ©rĂ© comme un pilier du 7e art, le chef-dâĆuvre de Tod Browning fut pourtant trĂšs controversĂ© lors de sa sortie. Freaks est connu pour avoir influencĂ©, entre autres, des cinĂ©astes rĂ©vĂ©rĂ©s tels que Werner Herzog, Guillermo Del Toro, Tim Burton ou encore David Lynch, avec notamment Elephant Man 1980. Le film, alors nĂ© du souhait de la MGM Metro-Goldwyn-Mayer de concurrencer les monstres dâUniversal dont le Dracula rĂ©alisĂ© quelques annĂ©es plus tĂŽt par Tod Browning, suit la vie dâun cirque itinĂ©rant et de ses monstres de foire » qui, malgrĂ© leurs difformitĂ©s, se rĂ©vĂšlent bien plus humains quâil nây paraĂźt â Hans le Lilliputien Harry Earles, les sĆurs siamoises Daisy et Violet Hilton, les femmes sans bras Frances OâConnor, Martha Morris, lâhomme-tronc Johnny Eck, etc. Tod Browning entourĂ© du casting de Freaks.©Collection Christophel Avant mĂȘme sa sortie, le film fait parler de lui sur le tournage, des employĂ©s horrifiĂ©s quittent le studio tandis que les vedettes du film se voient privĂ©es de cantine par la MGM. Lors de sa sortie aux Ătats-Unis, le film, par ailleurs violemment fustigĂ© par des groupes catholiques, est amputĂ© dâune demi-heure â il dure alors Ă peine plus dâune heure â et voit sa fin remaniĂ©e malgrĂ© la censure, Freaks dĂ©clenche un scandale retentissant aussi bien du cĂŽtĂ© de la critique que du public et le film est retirĂ© des Ă©crans un mois seulement aprĂšs sa sortie. Browning, qui selon la lĂ©gende aurait grandi dans le monde du cirque aprĂšs avoir quittĂ© sa propre famille, signe paradoxalement son ultime chef-dâĆuvre en mĂȘme temps que la fin prĂ©maturĂ©e de sa carriĂšre il ne rĂ©alisera plus que quatre longs-mĂ©trages aprĂšs cet Ă©chec cuisant. En Angleterre, le film restera interdit pendant plus de 30 ans. Ce nâest quâen 1962 que, sorti dâoutre-tombe pour ĂȘtre diffusĂ© Ă la Mostra de Venise, il sera enfin considĂ©rĂ© Ă sa juste valeur aprĂšs des annĂ©es passĂ©es dans des cinĂ©mas grindhouse oĂč Ă©taient essentiellement projetĂ©s des films dâexploitation. 2 Orange mĂ©canique de Stanley Kubrick, 1971 AdaptĂ© du roman Ă©ponyme dâAnthony Burgess 1962, Orange mĂ©canique, sorti en 1971, est certainement lâun des films les plus violents de Stanley Kubrick. Le rĂ©alisateur de 2001 lâodyssĂ©e de lâespace et Full Metal Jacket suit une bande de malfaiteurs emmenĂ©e par Alex DeLarge Malcolm McDowell, commettant une sĂ©rie de crimes abjects, parfois Ă caractĂšre sexuel, au sein dâune sociĂ©tĂ© totalitaire. LâextrĂȘme violence physique laissera place, dans la seconde partie du film, Ă la violence institutionnelle dĂ©ployĂ©e sur Alex pour rĂ©habiliter â en mĂȘme temps quâannihiler â lâindividu. ©Warner Bros. Cependant, le film de Stanley Kubrick, pourtant grand habituĂ© des polĂ©miques Les Sentiers de la gloire, Lolita ou Eyes Wide Shut, son ultime long-mĂ©trage, furent eux aussi controversĂ©s en leur temps, demeure sans doute son film le plus dĂ©rangeant. Quelque temps aprĂšs sa sortie, le film est accusĂ© dâencourager les violences et les copycat crimes, câest-Ă -dire les crimes qui auraient Ă©tĂ© directement inspirĂ©s par le film. AprĂšs avoir essuyĂ© de nombreuses menaces, Kubrick lui-mĂȘme dĂ©cide en 1974 de la dĂ©programmation du film au Royaume-Uni, oĂč Orange mĂ©canique, aprĂšs plus de 60 semaines passĂ©es Ă lâaffiche, restera interdit pendant prĂšs de 30 ans, jusquâĂ la mort du cinĂ©aste en 1999. En France, le film ne sera diffusĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision que 25 ans aprĂšs sa sortie et en seconde partie de soirĂ©e. Preuve supplĂ©mentaire, sâil en fallait une, de lâinfluence majeure que le film a eue sur lâhistoire du cinĂ©ma, le film de Kubrick est entrĂ© Ă la bibliothĂšque du CongrĂšs des Ătats-Unis en 2020. 3 LâEmpire des sens de Nagisa Ćshima, 1976 PrĂ©sentĂ© au Festival de Cannes en 1976, LâEmpire des sens a rĂ©volutionnĂ© lâesthĂ©tique du cinĂ©ma Ă©rotique japonais et fait scandale dĂšs sa sortie. Le film de Nagisa Ćshima, inspirĂ© dâun fait divers survenu Japon des annĂ©es 1930 â Abe Sada, une servante, Ă©trangla son amant au moment de lâorgasme, avant de lâĂ©masculer â, est restĂ© cĂ©lĂšbre pour ses scĂšnes de sexe non simulĂ©es et son dialogue entre le sexe et la mort. LâEmpire des sens commençait dĂ©jĂ par contrevenir aux codes du cinĂ©ma Ă©rotique de son temps en Ă©tant entiĂšrement racontĂ© du point de vue fĂ©minin et en filmant un acte sexuel frontalement. Le film est tournĂ© au Japon, mais le projet est produit en France par Anatole Dauman. Pour Ă©chapper Ă la censure dans son pays, Ćshima doit faire dĂ©velopper les rushes du film en France. Dâabord classĂ© X dans lâHexagone, le film a obtenu une dĂ©rogation du Premier ministre de lâĂ©poque, Jacques Chirac, convaincu par de nombreux intellectuels de la dimension artistique du film. Au Japon, les autoritĂ©s sont bien moins clĂ©mentes et le film tombe irrĂ©mĂ©diablement sous le coup de la censure les scĂšnes de sexe sont coupĂ©es et son rĂ©alisateur est mĂȘme appelĂ© Ă comparaĂźtre devant le tribunal de Tokyo pour obscĂ©nitĂ© ». Durant son procĂšs, qui dure trois ans, le rĂ©alisateur dĂ©clare Si lâon considĂšre que lâobscĂ©nitĂ© existe, il faut prĂ©ciser quâelle nâexiste que dans la tĂȘte des procureurs et des policiers chargĂ©s de la poursuivre. » Pour sa ressortie au Japon en 2000, les scĂšnes de sexe ont Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©es au long-mĂ©trage, mais les organes gĂ©nitaux furent floutĂ©s. La version intĂ©grale de LâEmpire des sens est toujours censurĂ©e au Japon. 4 La DerniĂšre Tentation du Christ de Martin Scorsese, 1988 La question de la foi â en particulier chrĂ©tienne â traverse de part en part la filmographie de Martin Scorsese. ĂlevĂ© dans une famille catholique, le jeune Martin a un temps envisagĂ© de devenir prĂȘtre avant de se consacrer finalement au septiĂšme art. Sorti en 1988, La DerniĂšre Tentation du Christ, adaptation de lâĆuvre du romancier grec NĂkos KazantzĂkis, est sans doute, avec Kundun 1997 et Silence 2017, son film qui traite le plus frontalement de cette thĂ©matique. Or, la sortie du film Ă©crit par Paul Schrader â dans lequel on trouve, entre autres, Willem Dafoe en JĂ©sus de Nazareth, Harvey Keitel en Judas ou encore David Bowie en Ponce Pilate, et Peter Gabriel Ă la bande originale â fut lâune des plus controversĂ©es et des plus virulentes de toute lâhistoire du cinĂ©ma. Avant mĂȘme sa sortie, le film de Scorsese est rejetĂ© par les autoritĂ©s religieuses et visĂ© par des vagues de manifestations, des priĂšres de nuit et autres protestations des milieux les plus conservateurs, offusquĂ©s par le caractĂšre blasphĂ©matoire du film fidĂšle au livre de KazantzĂkis. Le film est interdit de diffusion dans plusieurs pays, le cinĂ©aste reçoit des menaces de mort, rien ne va. En France, la sortie du film tourne mĂȘme Ă la catastrophe un cinĂ©ma est incendiĂ© Ă Besançon, le film est dĂ©programmĂ© de quasiment toutes les salles Ă lâexception de quelques rares cinĂ©mas encadrĂ©s par la police et, le soir du 22 octobre 1988, un groupe catholique intĂ©griste provoque lâincendie de lâEspace Saint-Michel, au cĆur du Quartier latin. Lâattentat fait 14 blessĂ©s. 5 Crash de David Cronenberg, 1996 En 1996, le rĂ©alisateur canadien David Cronenberg dĂ©frayait la chronique au Festival de Cannes avec son adaptation du roman Ă©ponyme de Ballard 1973, dans lequel des personnages en perdition et en panne de libido â pour faire court â cultivent un penchant sexuel pour les accidents de voiture et les corps mutilĂ©s. MalgrĂ© les innombrables visions dĂ©rangeantes dont les films de Cronenberg accouchent, Crash dĂ©clenche un vĂ©ritable tollĂ© lors de sa sortie. Comme le rappelle Olivier PĂšre dans un petit ouvrage consacrĂ© au film Ă lâoccasion de sa ressortie Crash â RĂȘves dâacier, Carlotta Films, 2020, les membres de lâĂ©quipe du film ont Ă©tĂ© violemment pris Ă parti lors de la traditionnelle confĂ©rence de presse cannoise Ă lâissue de la projection du film. Le film a finalement remportĂ© le Prix spĂ©cial du jury malgrĂ© les rĂ©ticences des jurĂ©s et dâune critique globalement incendiaire Francis Ford Coppola, alors prĂ©sident du jury cannois, aurait tout bonnement dĂ©testĂ© le long-mĂ©trage. Holly Hunter dans Crash version restaurĂ©e.©Carlotta Films Aujourdâhui rĂ©vĂ©rĂ© par les cinĂ©philes, le film est un Ă©chec total au box-office, avec seulement 2,6 millions de dollars rĂ©coltĂ©s sur le sol amĂ©ricain. La carriĂšre de lâacteur principal, James Spader, promise Ă un avenir Ă©tincelante il avait notamment reçu le prix dâinterprĂ©tation en 1989 pour Sexe, mensonges et vidĂ©os de Steven Soderbergh, ne redĂ©collera jamais rĂ©ellement. Dans les cinĂ©mas de la chaĂźne AMC Ătats-Unis, des gardes sont postĂ©s Ă lâentrĂ©e pour veiller Ă ce quâaucun mineur nâassiste aux projections. En Angleterre, le film est mĂȘme boycottĂ© Ă lâinitiative des journaux The Daily Mail et The Evening Standard, jugeant le long-mĂ©trage pornographique. Le chef-dâĆuvre de Cronenberg ne sortira au Royaume-Uni et aux Ătats-Unis quâen 1997. Ă lire aussi 0ZAbaOh.